Lémancipation des esclaves : analyse et extraits du discours dA. - TopicsExpress



          

Lémancipation des esclaves : analyse et extraits du discours dA. De Lamartine à la chambre des députés Abolition de lesclavage en 1848 La France a aboli lesclavage en 1794 pour la première fois, lesclavage sera rétabli par Napoléon en 1802 et finira par être définitivement aboli en 1848. Quel était le point de vue dAlphonse De Lamartine sur cette abolition? Sous quelles influences labolition de 1848 a été décidée? Lamartine intervint après que le président du Conseil Mathieu Molé eut souligné la nécessité de lindemnisation préalable des colons et jugé la proposition et le débat inopportuns. Il développa peu les arguments dhumanité et chercha seulement à prouver la possibilité financière de labolition avec indemnisation des colons par lEtat, ses avantages économiques et sociaux si on passait par une période dapprentissage à langlaise, et sa nécessité politique tant pour la tranquillité des colonies que pour la réputation de la France. Placé volontairement à un niveau pratique par ses promoteurs, le débat visait à détruire largumentation dilatoire des tenants de lesclavage. La proposition fut rejetée. Le député Passy proposa au cours de la séance du 15 février 1838 labolition de lesclavage dans les colonies françaises à limage de ce que lAngleterre avait fait depuis le 1er août 1834, transformant les esclaves en affranchis qui seraient tout à fait libres en 1840. Le projet prévoyait la liberté pour les enfants nés aux colonies et la possibilité de rachat pour leur parents. Dans son discours de présentation, Passsy supposait acquises toutes les raisons dhumanité poussant à labolition de lesclavage et voulait sen tenir à ses modalités. Eh bien! Messieurs, quelle est la part de lEtat ? Quelle est la part du colon ? Quelle est la part des esclaves dans le bénéfice de lémancipation ? (.........) Enfin les esclaves y gagnent le nom et les facultés dhomme : la famille, la propriété, la liberté, le salaire, ladmission à pleine jouissance de tous les droits de la civilisation. Le colon, quy gagne t-il ? La solidité de sa propriété, le travail libre reconnu plus fécond que le travail forcé; une propriété instable, périlleuse, violente, échangée contre une propriété de droit commun, et ne menaçant plus de périr tous les jours dans ses mains. LEtat y gagne la restauration de la dignité et de la moralité de ses lois, bénéfice moral au-dessus de toute appréciation. Il y gagne de plus la sécurité de ses colonies, laccroissement de son capital colonial par la multiplication de la race des noirs et de la culture plus générale des terres. Il y gagne encore tout ce que lui coûteraient les frais de surveillance et les séjours de troupes, et les expéditions ruineuses que nécessiterait bientôt le maintien violent de lesclavage dans nos antilles travaillées par la contagion de la liberté dans les antilles anglaises. Vous voyez donc quil y a un bénéfice égal dans lémancipation pour lEtat. Pour le colon. Pour lesclave. Faites une équitable répartition des avantages que lEtat, les colons, lesclave, retirent de lémancipation. Et faites-leur supporter proportionnellement le poids de lindemnité que lémancipation entraîne. LEtat et les colons peuvent la payer : lesclave le peut lui même aussi par le mode de lapprentissage. Il travaillera encore sans un salaire : son salaire sera sa liberté future, et il contribuera ainsi à indemniser lui-même le colon par une partie de son travail. Rien nempêche quaprès lapprentissage terminé, une loi spéciale ne règle encore, pendant quelques années, les conditions du salaire dans les colonies, dune manière avantageuse aux colons, car des lois spéciales seront nécessaires. Il faudra créer, comme la fait le parlement anglais, des magistrats exceptionnels pour surveiller le passage dun état à lautre. Le colon ne perdra donc quune très faible partie de sa propriété actuelle, et il sera déchargé du logement, de la nourriture, des soins, de la vieillesse, des infirmes, des enfants. Vous avez, sur deux cent cinquante mille esclaves seulement, quarante-deux mille esclaves dans la force de la vie et employés à la culture. Ces esclaves peuvent valoir 1,000 francs; le reste, en moyenne, ne va pas à 500 francs. Le rachat total ne sélèverait donc quà 120 ou 140 millions. Si, de ces 120 millions, vous retranchez presque les deux tiers, qui seraient supportés, un tiers par les colons, un tiers par les esclaves eux-mêmes, au moyen de lapprentissage, il ne resterait à la charge de létat que 80 ou 100 millions. Ces 80 millions répartis entre les dix années que durerait la libération, ne ferait supporter au Trésor quenviron 5 millions par an. Ces 5 millions, vous les payerez soit par la voie dun emprunt, et du plus justifié des emprunts, puisquil libérerait lavenir de cette affreuse responsabilité dun véritable crime social, soit par voie de réduction sur le tarif de vos sucres coloniaux. Le pays ne sen apercevrait pas, et lhumanité serait restaurée, et vous auriez prévenu ces inévitables révolutions de vos colonies, qui vous coûteront à réprimer deux fois plus quil ne vous en coûtera pour les rendre impossibles. Oui, ce système vaudrait cent fois mieux. Il serait plus digne de vous, plus digne de lhomme, plus digne de Dieu. Je voudrais pouvoir vous communiquer la confiance qui anie. Fiez-vous davantage, comme vous le disait tout à lheure M. Passy, à lélan de votre générosité ! Les bonnes pensées ne trompent jamais les nations, car les inspirations élevées du coeur humain sont toujours plus vraies et plus fécondes que ces calculs ! Eh ! Messieurs, loccasion ne fut et ne sera jamais plus belle pour étouffer lesclavage, non seulement dans vos colonies, mais dans lunivers tout entier. Oui, Messieurs, grâce à des événements imprévus , providentiels, indépendants de vous et tenant à létat politique du monde, vous pouvez tarir lesclavage dans le monde. Vous le comprimez, vous le saisissez à la fois par les deux extrémités de lAsie et de lAfrique. Par Alger, vous allez léteindre sur un immense littoral; la Russie sur la mer Noire le repousse en Circassie et en Géorgie, et fait élever si haut à Constantinople le prix des esclaves, que lesclavage même et la polygamie et finissent. En Egypte, vous le supprimerez le jour où vous le voudrez. Les Anglais lont supprimé sur lOcéan. LEspagne, en perdant lAmérique du Sud, le laisse tomber et séteindre. Il ne reste que vous. Dites un mot, déclarez lémancipation des noirs dans vos colonies, et lesclavage est tari partout. (Sensation.) Oui, le jour où vous aurez décrété que les noirs sont libres chez vous, ils le seront partout, et de ce jour, la consommation des esclaves cessant, le commerce atroce qui les alimente cessera. Ils ne trouveront plus ni marchands pour les vendre, ni boureaux pour les exporter. Le monde attend cette déclaration de vous pour fermer cette plaie, la plus honteuse de lhumanité. La proposition de M. Passy est un pas fait vers ce noble but. Cette proposition à bien des faiblesse; elle porte lempreinte de la timidité avec laquelle elle vous est présentée à un sentiment dont on se méfie. Si vous la rejetiez en prenant lengagement de la compléter, en demandant avec un généreux élan le système complet démancipation au gouvernement, je la rejetterais avec vous, je la rejetterais avec lui. Mais je la vote en gémissant, je la vote à cause de la dureté de vos coeurs, je la vote en déplorant quelle soit nécessaire, et quun bien si facile à opérer en grand, une mesure doù sortiraient la sûreté des colonies, lhonneur de la France, la restauration de la dignité humaine, soit réduite à ces mesquines et avares proportions, et quun pays comme la France, au lieu de balayer cette grande iniquité de la civilisation, se contente de couper en deux cette iniquité, et de faire à lesclavage cette immense part de toute une génération de trois cent mille de ses frères que la mort seule affranchira. (Très-bien ! Très bien !)
Posted on: Sun, 03 Nov 2013 10:49:10 +0000

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