Michael Jordan remet rarement le jersey. Quand il le fait, c’est - TopicsExpress



          

Michael Jordan remet rarement le jersey. Quand il le fait, c’est pour une séance pédagogique auprès des jeunes de Charlotte, tétanisés devant le Maître. Les Bobcats n’ont rien à craindre, excepté pour leur contrat. Il n’en a pas toujours été ainsi. L’extraterrestre a martyrisé coaches, partenaires et adversaires pour assouvir sa soif de titres et de trophées en tout genre. Décryptage aux frontières du joueur et du personnage Michael Jordan, né le 17 février 1963. Il y a 50 ans jour pour jour. Le néo-Hall of Famer Michael Jeffrey Jordan a aujourd’hui 50 ans. Il y a exactement 10 ans, il mettait un terme définitif à sa carrière, chez les Washington Wizards. Ecarté sans ménagement du front office, il allait rebondir à Charlotte dans un costume de partenaire financier du big proprio, Robert Johnson, puis de propriétaire. Depuis qu’il en a pris les rênes, la planète basket scrute un peu plus attentivement Charlotte, une franchise à la dérive. Mais rien ne dit qu’il s’éternisera là-bas car Jordan n’appartient à personne et il pourrait très bien, un jour, investir ses millions de dollars dans une autre équipe. Une chose est sûre : Jordan a été boss toute sa vie et il entend bien le rester. L’homme est ainsi fait. Au soir de sa troisième et dernière retraite, en avril 2003 à Philadelphie, il résumait ainsi son extraordinaire carrière : « En sortant de North Carolina, tout a été très vite pour moi. J’ai eu du mal à être généreux, à partager, à laisser Scottie Pippen, Bill Cartwright et d’autres s’avancer au premier plan et goûter eux aussi à la notoriété. » Plus loin, il ajoutait : « (Comme décideur), je devrai vivre avec cette nature de compétiteur. Mettre une bonne équipe sur le terrain, c’est une forme de victoire pour moi. » Choisir les hommes avec lesquels il veut travailler comme autrefois, il pouvait choisir ses coéquipiers et ses coaches. Jordan a laissé beaucoup de monde derrière la ligne, y compris sa femme, Juanita, qui a fini par s’éloigner d’un être qui ne lui a jamais vraiment appartenu. Ou, du moins, dont elle ne partageait pas complètement la vie. Il suffit d’écouter Magic Johnson pour comprendre ce qu’a été Michael Jordan en NBA : « Il y avait Michael et le reste, c’est-à-dire nous ». Celui qu’on va surnommer « His Airness » pour sa grâce et son excellence dans les airs vit, très vite, dans une autre galaxie. Comme une rock star. Dès 1987, année de son premier titre de meilleur scoreur de la Ligue (37.1 pts de moyenne, il y en aura neuf autres derrière). Malgré un sweep au 1er tour des playoffs face à Boston, « MJ » impose son cannibalisme sur les parquets. Un régime de terreur va naître en NBA. Même lors des entraînements entre Bulls, Jordan fait régner la peur. Orlando Woolridge fut son partenaire des débuts. Il résume joliment le personnage : « Sur le terrain, il est capable de t’arracher le cœur et de le manger devant toi ». Pour gagner, Michael est prêt à tout. Le titre NCAA, en 1982 avec North Carolina, lui revint sur un tir dans les dernières secondes. En 1984-85, il n’y a personne pour combattre dans la catégorie « Rookie of the year ». Il faut se souvenir que dès les matches exhibitions de la saison, coaches et scouts déclaraient que Houston (Hakeem Olajuwon) et Portland (Sam Bowie) allaient se mordre les doigts d’avoir zappé Michael avec les deux premiers choix de draft… De fait, la loi que Jordan va faire appliquer pendant la décennie 90 est la plus implacable, la plus rigide, la plus terrible qui soit. La plus juste aussi, paradoxalement, pour les supporters de Chicago et les millions de passionnés de basket à travers le monde. Aucun partage (il le dit lui-même), aucune échappatoire possible pour l’adversaire. Jordan va jusqu’à le ridiculiser sur un winning shot, à l’image de celui – passé à la postérité – réussi face au Jazz Bryon Russell à Salt Lake City dans le Game 6 des Finales 1998. Il restait 18.9 secondes à jouer, Jordan s’en souvient comme si c’était hier. « A cet instant, le match m’appartient, plus rien ne compte pour moi. J’ai l’impression que tout se passe au ralenti, je suis le maître du parquet, je devine les intentions de la défense. Je vois Russell devenir ma proie. » Final parfait que ce winning shot à Utah. Ses deux dernières saisons sous le maillot des Wizards, après un second break, ressembleront plus à un « farewell tour ». Le profil du joueur parfait Dieu du basket, icône publicitaire, astre médiatique, « MJ » a régné comme nul autre sur une Ligue en ébullition à chacune de ses sorties. Son excellence a popularisé le basket US aux quatre coins de la planète, comme les duels Bird-Magic dans les années 80. Avant Michael, Chicago n’existait pas réellement. Ou alors dans la mémoire collective, associée à la prohibition et aux noms d’Al Capone et Eliot Ness… Elle n’existe pas plus aujourd’hui, maintenant que Michael a déserté le United Center. Les titres (six bannières de champion NBA), les awards en tout genre (cinq de meilleur joueur de la saison pour le n°23 le plus célèbre) sont tombés à Chicago parce que Jordan était un Bull. C’est aussi simple que ça. Si on devait dégager le profil du joueur parfait, le nom du bonhomme serait immanquablement couché. Taille, poids, gestuelle, détente, fondamentaux, vitesse, adresse, intelligence : tout y est. Pourtant, Jordan a connu le rejet. Au lycée Emsley A. Laney, à Wilmington (North Carolina), le coach n’avait pas inscrit son nom dans la meilleure équipe des seniors sous prétexte qu’il lui manquait des centimètres. « MJ » en prend 10 au cours de l’été 1979 et rafle neuf trophées lors d’un « Five Star Camp » estival pour ensuite marquer 35 points dès le premier match de la saison. Résumé de ses années lycée : « Je me suis juré qu’être assis à regarder les autres jouer ne m’arriverait plus jamais ». Never. Sauf une fois, dans ce qu’on appellera « La guerre des étoiles ». Nous sommes en 1985 à Indianapolis et le rookie a été convié au festin des All-Stars. Il est même dans le cinq de départ. Victime d’une cabale initiée par Isiah Thomas, Jordan ne verra jamais le ballon. Cette humiliation, il s’en servira pour mieux dompter la Ligue entière. Avec patience, méthode, doigté. Et surtout avec un talent incommensurable. En 1986, il marque 63 points dans une rencontre de playoffs contre Boston. Lors de la saison 1986-87, il franchit à 28 reprises la barre des 40 points dans un match. Six fois, il aligne plus de 50 points. En 1988, c’est l’explosion avec son premier titre de meilleur joueur de la saison et son seul et unique award de meilleur défenseur de la Ligue. Les nouveaux venus ont pour noms Scottie Pippen et Horace Grant. Si Jordan ne gagne toujours pas le titre NBA, c’est parce que les Pistons de Detroit ont mis en place un système anti-« MJ » sous la coupe de Chuck Daly. Les « Bad boys » font main basse sur le trophée de l’Eastern Conference entre 1988 et 1990 (« Jordan Rules »). Michael attend son heure. Sa revanche sera éclatante. La première star NBA planétaire En 1991, année de son deuxième sacre en tant que meilleur joueur, les Bulls infligent un sweep aux Pistons en finale de Conférence. En Finales NBA, on assiste à une passation de pouvoirs entre Magic Johnson et Michael Jordan. Le showtime a vécu. Les lumières et la gloire sont pour le natif de Brooklyn qui se délecte d’un premier titre de MVP des Finales (il en aura cinq autres) avec une moyenne de 31.2 points, 6.6 rebonds et 11.4 passes. Ni Portland (en 1992), ni Phoenix (en 1993) ne pourront contrarier l’irrésistible ascension d’un extraterrestre qui agrémente ses différents matches de playoffs de triple-doubles ou de moyennes de points hallucinantes (41 dans la série contre les Suns). L’arrière des Bulls est désormais intouchable. Pas plus les médias que les fans n’ont accès à cette star planétaire qui s’adjuge, durant l’été 1992 à Barcelone, une deuxième médaille d’or olympique (la première datait de 1984) avec la non moins légendaire « Dream Team ». En Espagne, Jordan n’a pas forcé son talent. Il a même laissé le scoring à Charles Barkley. Son espace vital s’est réduit. Entre déplacements en jet privé et séjours dans les suites royales des plus beaux hôtels, Jordan étouffe. Il éprouve le besoin d’aller se changer les idées sur un terrain de golf. Le coach, Chuck Daly, l’accompagne, ainsi que « Dr. J ». Arrivé incognito, le trio ne pourra plus regagner l’hélico pour repartir. Le regretté Daly (qui n’appellera aucun temps mort durant le tournoi de basket) se tourne vers Michael : « Je t’apprécie beaucoup mais c’est la dernière fois que je joue au golf avec toi… » Jordan a appris depuis longtemps qu’il ne doit pas seulement se battre contre ses adversaires mais aussi contre le star system. Une forme d’usure, surtout mentale, est à l’origine de son premier arrêt, à l’aube de la saison 1993-94. Michael Jordan a tout gagné. Il n’y a plus de défi à sa taille. Sa passion du jeu ne s’est pas éteinte mais elle vacille. « MJ » n’a plus la flamme. Faute de motivation, il annonce le 6 octobre qu’il met un terme à sa carrière. La perte de son père James, assassiné en bordure d’autoroute le 23 juillet précédent, l’a terriblement affecté. Sa Majesté prend congé de la NBA pour deux ans. Après un essai dans le baseball, il est de retour en fin de saison 1995, évidemment chez les Bulls mais avec le n°45. Le coup médiatique parfait pour relancer une machine grippée, avec le ténébreux Scottie Pippen aux commandes. L’apport de Jordan ne suffit pas pour éviter une élimination contre Orlando et Shaquille O’Neal (2-4 en demi-finales de Conférence). « MJ » reprend son numéro fétiche, le 23. Dennis Rodman rejoint le gang des taureaux qui deviennent proprement injouables. Chicago signe la meilleure saison régulière de l’histoire en remportant 72 matches sur 82. En Finales, même le Seattle de l’irrésistible duo Gary Payton-Shawn Kemp ne peut lutter (4-2). L’opposition est méthodiquement pulvérisée. En 1997 et 98, Utah envoie au front, à son tour, l’un des meilleurs binômes de l’histoire, John Stockton-Karl Malone. Sans résultat (4-2 les deux fois). Deuxième « threepeat » pour les Bulls de Jordan qui reste à titre personnel le meilleur scoreur NBA pendant trois ans, avec accessoirement deux trophées de meilleur joueur en 1996 et 1998. On parle une fois de plus de lui dans la rubrique « Faits divers ». La Ligue enquête sur des sommes qui auraient été versées dans des casinos, notamment du côté d’Atlantic City. Mais rien n’arrête Jordan, pas même une pizza avariée qui le fit vomir une nuit, à la veille d’un match crucial à Salt Lake City durant les Finales 1997. Ressuscité après ses 38 points de ce fameux « Flu Game », il expliquera : « J’ai réalisé que j’ai mis ma vie en danger, tout ça pour un match… » Sa succession fut difficile Pour un match et pour quelques 30 millions de dollars, son salaire chez les Bulls cette saison-là. Menue monnaie comparée au jackpot rapporté par ses sponsors (Nike, Gatorade, WordCom, Bijan Fragances, Wilson, Sara Lee Hanes, Wheaties…) qui lui laissent plus du double chaque année. David Falk, son agent, est un redoutable négociateur. Jamais hors-jeu, « His Airness » a toujours su s’entourer des meilleurs. Le business faisait partie intégrante de son job, évidemment, et Jerry Krause, GM des Bulls à l’époque, rencontra souvent des difficultés avec la star qui ne lâchait rien. Sur le terrain comme en dehors. Aujourd’hui, le nom de Michael Jordan noircit le livre des records NBA. L’image du « jumpman » a fait le tour du monde. Les plus beaux et les plus grands exploits sont le fait de Michael Jordan. Ils appartiennent à sa légende. « MJ » a, sinon vulgarisé, du moins popularisé le basket sur les cinq continents grâce à son histoire, son talent et son charisme hors du commun. Le personnage était rare, le joueur unique. C’est dur d’inscrire son nom après le sien au palmarès du MVP.
Posted on: Fri, 05 Jul 2013 20:18:36 +0000

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