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Section 3 – Les cabinets d’audit en tant qu’organisations sociales facebook/COMPTABLEE Jusqu’à une époque récente, la plupart des études concernant l’audit financier se sont limitées aux aspects conceptuels et méthodologiques de la démarche d’audit et à la manière dont les auditeurs réagissent face aux problèmes techniques susceptibles d’apparaître dans leur pratique. Elles ont permis d’arriver à des descriptions détaillées des processus cognitifs mis en oeuvre dans le travail, même si peu de conclusions précises ont pu en être retirées. En revanche, relativement peu d’études ont abordé les caractéristiques des cabinets en tant que forme organisationnelle et leurs conséquences sur le travail réalisé (Power 1995). Or, il paraît difficile de s’intéresser à un secteur d’activité sans prendre en considération les caractéristiques organisationnelles de ses acteurs. Dans son ouvrage classique sur la structure des organisations, Mintzberg (1982) considère que les cabinets d’audit sont un exemple d’une configuration structurelle particulière : la bureaucratie professionnelle. Les deux principales caractéristiques qu’il dégage pour distinguer cette configuration sont les suivantes : le fait de s’appuyer sur le savoir et les compétences de leurs opérateurs, et la production de biens ou de services standardisés. Ces deux critères caractérisent effectivement les cabinets d’audit qui reposent pour leur fonctionnement sur une main d’oeuvre qualifiée travaillant de manière autonome et dont la pratique fait l’objet d’une forte normalisation. La bureaucratie professionnelle est la structure classique des activités fortement institutionnalisées (Scott 1995). Son mode de fonctionnement concret se caractérise par le fait que le professionnel agit de façon relativement indépendante de ses collègues, mais qu’il reste proche des clients qu’il sert. Outre l’importance donnée à la formation (enseignement des connaissances liées au travail) et à la socialisation (intériorisation des normes de l’organisation et de la profession), l’exercice du métier nécessite un jugement professionnel qui s’acquiert suite à une pratique de plusieurs années. Ces caractéristiques font que, selon Mintzberg (1982), la bureaucratie professionnelle induirait une relation particulière avec ses membres : d’une part, le professionnel tend à s’identifier fortement avec son métier ; d’autre part, les bureaucraties professionnelles sont souvent considérées comme des organisations collégiales du point de vue de la distribution du pouvoir. L’auteur considère ainsi que la bureaucratie professionnelle est la structure la plus démocratique et la mieux en mesure de répondre aux besoins de réalisation dans le travail des individus. Une telle vision des cabinets d’audit en tant que bureaucraties professionnelles doit cependant être fortement amendée pour tenir compte de la réalité organisationnelle telle qu’elle est vécue par leurs collaborateurs. L’objectif de cette troisième section est donc de présenter les cabinets d’audit en tant que structures sociales qui imposent à leurs membres des contraintes fortes, susceptibles de mettre à jour des divergences d’intérêts. La perspective abordée sera celle de l’auditeur de terrain, c’est-à-dire celui qui – au cours de ses cinq premières années de carrière – se déplace dans les entreprises pour effectuer les contrôles. D’autres approches seraient possibles, mais dépasseraient le cadre de notre travail19. Nous nous intéresserons tout d’abord à la structure organisationnelle des cabinets et mettrons l’accent sur leur caractère hiérarchique (§1). Nous aborderons ensuite les lignes de partage introduites par la pratique contemporaine de l’audit : au niveau du fonctionnement des cabinets (§2) et au niveau de la nature du travail réalisé (§3).
Posted on: Wed, 18 Sep 2013 22:07:59 +0000

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