Tribune du Collectif dans le Nouvel Observateur Posté le 26 août - TopicsExpress



          

Tribune du Collectif dans le Nouvel Observateur Posté le 26 août 2013 par Voici une tribune rédigée par le Collectif SOS Ligue 2 qui est parue ce week end dans le Nouvel Obseravteur suite à la censure de la LFP sur les banderoles du Collectif. Vous la trouverez ici : Créé en 2004, notre Collectif SOS Ligue 2 se bat pour retrouver des horaires de match qui stimulent l’affluence dans les stades de football. Avec le retour des matches de Ligue 2 au samedi en ligne de mire, nous pointons du doigt la suprématie des diffuseurs dans le football. Une revendication qui ne plaît pas à la Ligue de football professionnel (LFP). La mainmise des télévisions sur le football La saison 2013-2014 démarre en trombe pour notre collectif ! Agacé de voir fleurir des banderoles hostiles à la programmation dans les tribunes, le président de la Ligue de football professionnel (LFP) a pris les devants. Dans une lettre adressée à tous les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2, Frédéric Thiriez exige que plus « aucune banderole hostile aux horaires de programmation ne soient déployée dans leur stade ». La cause principale de cette colère ? Les revendications des supporters mettent à mal les relations commerciales entre la LFP et BeIN Sport, le diffuseur principal du championnat de France. S’ils venaient à ne pas respecter la consigne de Frédéric Thiriez, les clubs pourraient subir des sanctions de la part de la commission de discipline, qui « appréciera les suites qu’il conviendra de réserver aux infractions constatées ». Un ras-le-bol qui intervient après un conflit de longue date entre les instances du football et notre collectif. Depuis une dizaine d’années, notre regroupement d’associations de supporters met des bâtons dans les roues de la LFP au sujet des horaires des rencontres. Nous estimons que la grille de programmation est construite de manière à satisfaire les diffuseurs, et non pour faciliter la venue des passionnés de football au stade. Nous protestons contre la mainmise des télévisions sur le football, rendue possible par la trop grande proportion des droits TV dans les revenus des clubs. Depuis le passage du « foot populaire » au « foot business », le fossé n’a cessé de se creuser entre les instances du football et les fans les plus actifs. Une appropriation illégitime de ce sport Le monde des tribunes est particulièrement vaste, et toutes les couches de la société y sont représentées. Parmi la grande famille des passionnés de football, il y a le supporter qui aime quand le stade sent la poudre, la saucisse et la bière tiède. Ce supporter, il aime se retrouver dans sa tribune le week-end, pour encourager son club certes, mais aussi pour extérioriser ses tensions après une semaine de travail harassante, oublier tous ses soucis et se fondre au milieu de la foule pour vivre sa passion. Chanter avec ferveur, hurler de joie, pleurer de tristesse, autant d’émotions à travers lesquelles un supporter se sent plus que jamais vivant. Inévitablement, ce supporter éprouve une certaine réticence à l’égard du football des années 2000, un sport qui s’est professionnalisé, commercialisé, mondialisé. Désormais, le ballon rond est devenu un formidable vecteur économique. Aujourd’hui, l’argent a pris une place centrale dans le monde du football, en témoignent les transferts mirobolants, les sponsors prestigieux, les stades rebaptisés aux noms de multinationales. Ce changement de statut est principalement dû à la médiatisation et la diffusion massives du football à la télévision. Forcément, les intérêts économiques passent petit à petit au-dessus des intérêts sportifs, ce qui amène parfois les instances du football à se plier aux volontés des investisseurs, et notamment à celles des diffuseurs. Pour les supporters, ce sont les télévisions qui règnent sur le football moderne, et cette appropriation illégitime les incite à se mobiliser et à se regrouper. Une volonté de réduire au silence les supporters C’est en 2004 qu’a eu lieu l’élément déclencheur pour nous. Cette année-là, la LFP officialise le passage des matches de Ligue 2 au vendredi 20 heures, pour permettre à l’antichambre de l’élite de bénéficier d’une couverture médiatique plus importante. À moins que ce ne soit pour garantir une visibilité totale à la Ligue 1 le samedi soir ? C’est à ce moment-là que notre collectif est né, afin de porter la voix du public des stades devant les instances. Pour les supporters, cette décision a pour conséquence d’entraîner la désertification des stades. Selon eux, il n’y a pas d’alternative, les matches doivent se jouer le samedi, et les télévisions doivent s’adapter au football, pas l’inverse. C’est cette revendication que nous portons jusqu’à aujourd’hui. Depuis dix ans, les groupes de supporters n’ont pas obtenu gain de cause. Les matches de Ligue 2 se déroulent toujours le vendredi soir. Mais la saison dernière, les fans ont connu leur principal fait d’arme. En juin 2012, Frédéric Thiriez annonce que les rencontres de Ligue 2 auront désormais lieu le vendredi à 18h45. Alors que notre activité s’était peu à peu évanouie au fil des saisons, nous avons alors décidé de se réveiller à nouveau. Cette fois, c’en était trop, tant le mépris envers les passionnés de football était fort. Nous avons choisi de faire les choses en grand et d’en profiter pour redemander le retour des matches au samedi. Banderoles communes, pétition, demande de soutien de la part des clubs, des joueurs, des médias et des politiques, tout a été mis en œuvre pour que cette programmation soit abandonnée au plus vite. Banderole « Pas de compromis, le foot, c’est le samedi », déployée lors d’Auxerre – Nancy, le 3 août 2013 (MAXPPP). Au final, ce sont près de 30.000 signataires et une centaine d’acteurs sportifs, médiatiques et politiques qui nous ont apportés leur soutien. Pour tous ces gens plus ou moins proches du football, la LFP est allée trop loin. En se pliant aux volontés du richissime diffuseur BeIN Sport, la toute nouvelle chaîne sportive du groupe qatari Al-Jazeera, la Ligue mettrait ainsi en péril l’affluence dans les stades, et, plus globalement, l’aspect sportif, festif et populaire du football. On a constaté les premiers effets de cet horaire peu commode dès le début de la saison. Les stades de Ligue 2 se sont vidés, enregistrant une baisse moyenne du taux de remplissage supérieure à 30% par rapport à la saison d’avant. La LFP n’a pas nié le problème et s’est ouverte aux négociations. En décembre 2012, en réponse à notre soulèvement, Frédéric Thiriez a fait machine arrière et décidé de programmer à nouveau les matches le vendredi à 20 heures. Nous n’avons pas obtenu le samedi, mais nous avons réussi à faire reculer les instances du football, un rêve quasiment inespéré. Fort de cette réussite, nous estimons être devenu un interlocuteur crédible, capable désormais de faire valoir les intérêts des supporters dans les débats avec les dirigeants du football français. Le 10 novembre 2012, lors d’une réunion au siège de la LFP, réunissant les acteurs du sulfureux dossier des matches à 18h45, Frédéric Thiriez s’est satisfait, d’ailleurs, de pouvoir enfin dialoguer avec un collectif de supporters qui agit avec responsabilité, maturité et intelligence. À l’issue de cette rencontre, le président de la Ligue a promis que la porte serait grande ouverte, et que des réunions pourraient avoir lieu régulièrement dans le futur afin améliorer la condition des supporters. Mais malheureusement, malgré nos sollicitations et notre désir de dialogue, nous n’avons plus eu de contact avec la LFP. Jusqu’à cette fameuse lettre de censure, procurant aux supporters le sentiment désagréable que leur liberté d’expression est bafouée. Ne pas être en accord avec les revendications des supporters, cela mérite-il de les réduire au silence ?
Posted on: Mon, 26 Aug 2013 22:48:01 +0000

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