Xénophobie et peur : armes des dominants En acceptant de participer à une émission radiophonique intitulée “La ques- tion Rom dans le débat politique”, le ministre de l’Intérieur savait ce qu’il fai- sait. Depuis plus d’un siècle et demi, cette expression introduit l’interrogation sur l’aptitude d’un groupe discriminé à s’intégrer à une société d’Europe occi- dentale. Disons les choses comme elles sont : Manuel Valls avait prémédité sa répon- se. Il a choisi de livrer à la vindicte publique des familles pauvres, contraintes au travail dans l’économie souterraine car interdites de travail salarié, contrain- tes de vivre dans des bidonvilles ou des squats faute d’avoir les moyens et le droit de se loger. Et il a triché sur la réalité puisque 97 % des Roms vivants en France sont des sédentaires... français ! Pour justifier que les étrangers Roms ne disposent pas des mêmes droits que les autres européens présents sur le territoire français, Valls prétexte que « ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation » avec les populations locales. C’est la double peine pour ces Roms étrangers déjà victimes de discriminations dans leur pays d’origine. Manuel Valls déroule avec cynisme un plan de comm’ le présentant comme l’alternative réaliste à la droite extrême et sensé lui ouvrir les portes du pouvoir. Qu’il ait tenu ces propos pendant que se déroulaient les journées parlementai- res socialistes sans aucun “recadrage” de leur part dit l’ampleur de la caution politique qui lui est apportée en haut lieu. Soutenir la thèse d’une différence endogène des Roms, c’est cautionner tou- tes les stigmatisations, toutes les discriminations, tous les discours essentia- listes similaires sur la question des immigrés africains, la question de l’Islam, la question des cités… C’est détourner la colère sociale en entretenant des peurs irrationnelles pour le seul profit des dominants. Face à ce reniement des valeurs de gauche, la radicalité ne peut être une posture. On ne combat les idées fausses qu’avec des idées justes dont les citoyens font l’expérience dans la lutte. La sortie de la crise politique passe par un travail militant concret et quotidien dans les quartiers et les villages ; par l’invention, dans l’action, de nouvelles formes populaires d’engagement politique.
Posted on: Fri, 27 Sep 2013 17:59:19 +0000