le 1 Octobre 2013 Manuel Valls réécrit la doctrine - TopicsExpress



          

le 1 Octobre 2013 Manuel Valls réécrit la doctrine socialiste L’ex-candidat à la primaire socialiste de 2011 met à profit ses responsabilités au gouvernement pour faire accepter au PS la doctrine sécuritaire libérale qu’il a jusqu’alors rejetée. On savait le gouvernement et sa majorité divisés sur le cap politique défini par François Hollande, que ce soit sur la restriction des dépenses publiques, la question fiscale, la réforme des retraites ou encore l’action à conduire pour «réorienter» l’Europe. C’est finalement sur le terrain le moins attendu –la politique migratoire– que la détonation s’est produite, après la sortie du ministre de l’Intérieur qui a mis le feu aux poudres, mardi dernier, sur les Roms, dont «les modes de vie extrêmement différents des nôtres» seraient «en confrontation» avec le reste de la population. La polémique dépasse désormais et, de loin, le cadre du bras de fer entre le locataire de la place Beauvau et sa collègue au ministère du Logement, Cécile Duflot, qui l’a accusé de mettre en péril le «pacte républicain», et met aux prises deux conceptions radicalement différentes de la gauche. Les sorties de Manuel Valls n’ont en effet rien d’improvisé: «Si François Hollande m’a nommé là, c’est parce qu’il savait que j’avais sur les questions de sécurité, d’immigration et de laïcité une forme de cohérence», estime-t-il. Une cohérence qu’il dit puiser chez celui qu’il revendique comme son maître à penser, tenant d’une «gauche» de l’ordre, en opposition à celle, d’essence révolutionnaire, incarnée par Jean Jaurès: «Ma filiation en politique, c’est la gauche républicaine, avec le ministre de l’Intérieur qui a organisé la police moderne, Georges Clemenceau», rappelle-t-il dans un entretien à Libération du 22août dernier. «Le péché de droitisme, Manuel le porte depuis l’origine» En ressuscitant la polémique Clemenceau contre Jaurès, le ministre de l’Intérieur cherche à légitimer l’ancrage à gauche de sa politique, contre ceux qui lui font un procès en droitisation. Ceux-là ne se trouvent pas que chez ses «amis» politiques. À l’UMP aussi, les correspondances avec les conceptions qui ont cours à droite frappent les esprits: «Affirmer que l’explosion démographique impose de nouvelles règles, c’est une évidence, un constat lucide que je ne peux que partager. (…) Sur la question de la laïcité aussi, je ne peux qu’approuver Manuel Valls. (…) Manifestement, Nicolas Sarkozy est pour lui un modèle», déclarait le député UMP Éric Ciotti. «Le péché de droitisme, Manuel le porte depuis l’origine», rappelait aussi, dans Challenges du 20décembre2012, son ami Alain Bauer, ex-conseiller à la sécurité de Nicolas Sarkozy. Un penchant droitier qui ne se limite pas aux thématiques de l’ordre puisées chez Clemenceau: sur les questions économiques et sociales aussi Manuel Valls n’a jamais caché ses inspirations libérales, puisées cette fois dans les conceptions de Tony Blair en Grande-Bretagne. Le 22juillet, un éditorialiste du Washington Post voyait chez le Français «la même détermination, la même énergie et la même recherche de consensus avec le centre qui l’ont fait devenir (Tony Blair) premier ministre du Royaume-Uni en 1997». Une comparaison qui n’est pas faite pour déplaire à l’aspirant candidat à la présidentielle de 2012, lui qui estime que «la gauche a perdu en 2002 et en 2007 sur la sécurité et le travail». «Il fallait sortir des dogmatismes sur ces sujets», souligne-t-il en clair: assumer un discours en rupture avec les fondamentaux de la gauche et du socialisme. Côté sécurité, Manuel Valls s’y emploie au ministère de l’Intérieur. Côté travail, en revanche, il a mis en sourdine, tant qu’il est en poste place Beauvau, ses propositions de candidat à la primaire présidentielle socialiste de 2011. Mais il triomphe en silence: ses idées, largement minoritaires à l’époque (il avait recueilli 5,6% des voix, contre 17,2% à Arnaud Montebourg incarnant une «aile gauche»), d’allongement de la durée de cotisation des retraites, de réduction drastique des dépenses publiques, ou encore d’allègement du «coût du travail» transféré sur une «TVA productivité» payée par les ménages sont aujourd’hui au pouvoir, mises en application par François Hollande (pacte de compétitivité, hausse de la TVA au 1erjanvier…). «C’est une chance d’occuper ce ministère de l’Intérieur» En retour, le ministre n’a aucune difficulté à se présenter comme le meilleur de la classe du hollandisme et à «défendre les réformes» et le «sérieux budgétaire» du début du quinquennat, comme il l’a fait cet été aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône), en plaidant pour «une synthèse nouvelle entre un réformisme assumé et une République intransigeante». Par touches successives, c’est à une réécriture de la doctrine socialiste à laquelle œuvre Manuel Valls, sous couvert de «mener la politique du président de la République et du premier ministre». Jouant de sa position au gouvernement et de sa popularité neuve («C’est une chance d’occuper ce ministère de l’Intérieur», déclarait-il à ce propos sur BFMTV, le 6septembre) pour faire accepter au PS ce qu’il a jusqu’alors refusé, quand il exhortait les socialistes à ne pas rester «englués dans l’histoire de la gauche» et à reconnaître que «le mot lui-même (de socialisme) s’est éteint» (Pour en finir avec le vieux socialisme… et être enfin de gauche, Manuel Valls avec Claude Askolovitch, Robert Laffont, 2008). À la même époque, en 2009, quand il alla jusqu’à proposer de «tout changer» jusqu’au «nom» du parti, la première secrétaire, Martine Aubry, le pria de «cesser ces propos publics» ou de «quitter le PS». Aujourd’hui, Valls tient sa revanche: au gouvernement, ce sont ses adversaires qui flirtent avec la porte s’ils ne cessent de l’attaquer. Un récidiviste déjà critiqué... Ce n’est pas la première fois que Manuel Valls agace quelques-uns de ses camarades. Déjà en 2009, Martine Aubry, première secrétaire du PS, lui écrivait: «Tes propos, loin d’apporter une solution, portent atteinte à tous les militants et à tous les dirigeants (...). Tu donnes l’impression d’attendre, voire d’espérer la fin du Parti socialiste. Mon cher Manuel, s’il s’agit pour toi de tirer la sonnette d’alarme par rapport à un parti auquel tu tiens, alors tu dois cesser ces propos publics et apporter en notre sein tes idées et ton engagement. Si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste.»
Posted on: Sun, 06 Oct 2013 00:12:48 +0000

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