ÉDITO dAlexis Brézet, Directeur des rédactions du Figaro - - TopicsExpress



          

ÉDITO dAlexis Brézet, Directeur des rédactions du Figaro - 20.10.2013 - FAILLITE POLITIQUE Dix-huit mois après lélection de François Hollande, il nous aura donc été donné dassister à ce naufrage: - Le président de la République française qui sabaisse, et abaisse la France avec lui, à consacrer toute affaire cessante une intervention en direct à la télévision à une banale expulsion - parfaitement régulière de surcroît - soudain érigée sous la loupe médiatique en affaire dÉtat. - Une gamine de 15 ans qui prend à partie le chef de la cinquième puissance économique mondiale et qui lui fait la leçon avec une insolence confondante. Les parents de cette jeune fille, généreusement logés, nourris et entretenus par la France depuis quatre ans, qui multiplient les provocations avec une acrimonie qui en dit long sur leur volonté dintégration. - Et pour finir, ce feu dartifice de commentaires, souvent plus atterrés que critiques, venus de la droite comme de la gauche, qui sanctionnent léchec cinglant dune intervention présidentielle «solennelle», motivée au départ par le souci denrayer la colère dune poignée de lycéens et qui, à larrivée, naura pas même réussi à convaincre… le premier secrétaire du Parti socialiste. Consternant! Où est le courage? Où est la hauteur de vue? Où est la force de conviction? Tout, dans lépilogue (provisoire?) de cette affaire lamentable - depuis lenquête administrative aux attendus subtilement balancés (pas de «faute», mais «un manque de discernement») jusquà ce pseudo-jugement de Salomon (la jeune fille peut revenir, mais sans sa famille…) -, tout respire de bout en bout la combine politicienne, le calcul dapothicaire, la cautèle de maquignon. François Hollande aurait pu - il aurait dû - affirmer que lenquête administrative ayant établi la parfaite régularité de la mesure déloignement, laffaire était close et la polémique infondée. Bien sûr, il lui aurait fallu en payer le prix sur sa gauche, du côté des Verts et dune frange du Parti socialiste. Bien sûr, il y aurait eu du grabuge au gouvernement… Bien sûr, il aurait exaspéré une partie des militants qui, sur la foi dun programme ambigu, lont porté à ­lÉlysée. Mais en réaffirmant lautorité de lÉtat, cest la sienne quil aurait restaurée. Et, sur ce terrain, il aurait trouvé le soutien de lopinion… Mettant la barre à gauche toute, François Hollande aurait pu à linverse ordonner, au nom du «devoir dhumanité», lannulation de la mesure déloignement qui frappe toute la famille Dibrani. Sans doute, ­Manuel Valls aurait claqué la porte. Évidemment, le Front national en eût fait ses choux gras. Mais, au moins, le président aurait remobilisé les plus engagés de ses partisans. Toute considération de fond mise à part, il aurait surtout manifesté quil y a un chef, et un cap, à lÉlysée… Au lieu de quoi, hollandissime jusquà la caricature, il biaise, il embrouille, il enfume. Il ménage la chèvre et le chou. Il avance pour mieux reculer. Il ne pose la règle que pour créer lexception. Il ne fait une concession que pour la reprendre aussitôt. Lexpulsion de Leonarda est régulière, donc la jeune fille sera autorisée à rentrer. La générosité exige quelle revienne, donc elle sera séparée de sa famille. Comprenne qui pourra… Pitoyable habileté destinée à ne mécontenter personne et qui réussit in fine à exaspérer tout le monde. Faible dans ce quelle a de fort, mesquine dans ce quelle a de généreux, la «décision» du président ajoute larbitraire à la faiblesse et le sentimentalisme à linsensibilité. Injustifiable du point de vue du droit comme de celui de la simple humanité, elle fera date, à nen pas douter. Au-delà du cas Leonarda, elle révèle et cristallise la faillite politique dun quinquennat tout juste commencé et qui, noyé dindécision et dimpuissance au sommet, a déjà comme un air de fin de règne.
Posted on: Mon, 21 Oct 2013 09:03:09 +0000

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