Trente huit (38) ans d’indépendance ; que reste t-il du - TopicsExpress



          

Trente huit (38) ans d’indépendance ; que reste t-il du soilihisme ? « Aucune société ne peut vivre sans un idéal qui l’inspire ni une connaissance claire des principes qui guident son organisation. Les périodes de grande civilisation sont celles où ces deux conditions sont réunies » Ali Soilihi, discours du 3 août 1976. Il y a 37 ans déjà, le Président Ali Soilihi (paix à son âme) prononçait ce fameux discours pour mieux cadrer son action après avoir coordonné la politique dirigée par le prince Said Mohamed Jaffar (août 1975- février 1976). Chacun de ceux qui y participaient à côté de ces leaders, savait les objectifs de la politique révolutionnaire de l’époque. Les soilihistes luttaient pour une société libre, fraternelle, posant loyalement les problèmes, écartant les préjugés, une société d’unité et de volonté, s’inscrivant dans le contenu de notre paysage et les traits de notre caractère, une société de liberté et de progrès à la comorienne. Ainsi, l’objectif était clair. Plus que tout autre, l’esprit soilihiste éprouve ce besoin de comprendre. Depuis longtemps, les soilihistes voulaient toujours savoir selon quels principes les comoriens sont gouvernés et vers quel avenir ils se dirigent. Dans la conception soilihiste, l’histoire d’un peuple, à partir du moment où il possède des institutions démocratiques, est celle d’une succession de choix. L’histoire à venir des comoriens dépendra des choix qu’ils feront eux-mêmes, disait –il dans ce même discours. Il est tentant de croire que chacun de ces choix est décisif. Tous les hommes politiques dont le sort individuel ou les ambitions s’y trouvent liés sont évidement portés à le penser. Mais seule la perspective historique permet, a posteriori de le savoir. Cependant, il semble que l’orientation que le président Ali Soilihi a voulu donner à l’Etat comorien s’est réalisée avec ce caractère précis : changement social. Ce changement repose sur la formation des hommes et des femmes. Depuis 1975, Ali Soilihi avait instauré une politique sociale permettant aux enfants issus des zones rurales d’accéder facilement à l’enseignement secondaire. La société comorienne est riche, même si le mot choque, dans un univers peuplé de démunis, libre parmi des nations qui n’ont pas encore atteint le stade supérieur de la démocratie, paisible sur une terre qu’imprègne le sang rouge des nombreux héros de notre indépendance et le sang noir de ceux qui sont tombés sur le champ, victimes de l’atrocité des mercenaires dirigés par le fameux Bob Denard. La société comorienne, fait partie du petit groupe des nations qui, au prix de beaucoup de travail et de souffrance accumulés, s’arrachent aux contraintes avilissantes de la faim, de la misère et de la maladie. Tout nous indique, et notamment le progrès ininterrompu des sciences et des techniques, que notre société est appelée à évoluer aussi rapidement au cours des années à venir. Quelle chance historique pour nous soilihistes de prendre conscience que le soilihisme est encore et toujours d’actualité : s’évader des routines, toujours pesantes et du conservatisme, toujours triste, et d’ouvrir de nouvelles voies, de nouvelles routes, sont des propriétés dans la conception soilihiste comme mode de pensée. Mais aussi quelle décision de voir les talents du peuple comorien, éveillé et raisonnable, englués dans les dogmatismes vieux de plusieurs siècles et comme paralysés par le fanatisme des idées reçues ! Et quel regret de constater que trente cinq (35) ans après la mort du président Ali Soilihi, les dirigeants politiques ne se ressaisissent toujours pas afin que notre pays se relève après être tombé sept, huit fois, pour retrouver grandeur, puissance et dignité. Nous avons la chance historique de posséder des institutions à la fois efficaces et démocratiques mais elles sont récentes et de ce fait encore exposées à être mise en cause, d’autant plus que certains ne les acceptent que du bout des lèvres. Tout doit être fait pour les maintenir sinon ce sera le chaos, la dernière tentative de déstabilisation de notre pays est l’exemple le plus frappant dans ce contexte. Cependant, n’oublions pas que le problème essentiel que pose le fonctionnement de notre vie politique n’est pas, en réalité institutionnel. Le Président Ali Soilihi l’avait dit depuis fort longtemps. Il tient au caractère inutilement dramatique du débat politique et ceci ne date pas d’aujourd’hui, mais depuis la période des mercenaires avec le régime Abdallah. L’idéologie soilihiste nous apprend que « la vie démocratique est, certes, un débat et une compétition ». Mais ce débat et cette compétition autour du choix des équipes et des politiques peuvent laisser intact un accord fondamental sur les principes de conceptions opposées de la société, deux équipes politiques avec deux projets de société en contradiction. Ces deux équipes politiques, leur rivalité n’est pas une guerre, mais une compétition. Leur alternance au pouvoir ne représente pas une suite de bouleversements chaotiques, annoncés comme des drames et ressentis comme des révolutions, mais une suite d’inflexions dans la progression de la société. Ainsi la direction dans laquelle il faut rechercher le progrès de notre vie politique apparaît alors clairement. Il faut d’abord que soient préservées avec soin les acquis de notre démocratie : ses institutions, ses règles politiques et institutionnelles fondamentales, mais aussi la neutralité, au regard du débat politique, de la justice, de l’armée, de l’administration, de l’école bien évidemment. L’introduction de la lutte politique, de ses intolérances et de ses exclusives au sein de ces institutions essentielles ne constituerait pas un progrès démocratique, comme certains le prétendent, mais une dangereuse régression. Toute tentative dans ce sens doit être combattue. De même doit être écartée l’assimilation du combat politique à une sorte de guerre civile menée par d’autres moyens. Alors, le vrai débat politique s’inscrira dans tous les partis politiques, avec l’esprit de tolérance, de respect mutuel, de transparence et de la bonne gouvernance. Le débat ne sera plus ce combat mythologique des villages qui s’érigent à des Etats en conflits, celui du bien et du mal, qui colore encore notre vie politique d’une violence primitive et dangereuse, mais la compétition d’hommes et des femmes pouvant œuvrer tour à tour pour le bien commun. Et l’union des Comores connaitra une démocratie forte et paisible. Tel a été le rêve du Président Ali Soilihi, raison pour laquelle, nous (soilihistes) de toutes tendances continuons de croire que c’est possible et c’est faisable. Dr Djaffar MMADI Universitaire
Posted on: Tue, 06 Aug 2013 15:14:53 +0000

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