La « ligue arabe », la prostitution et le reste Par Ahmed - TopicsExpress



          

La « ligue arabe », la prostitution et le reste Par Ahmed CHENIKI Les ministres des affaires étrangères arabes se sont réunis pour discuter des derniers événements en Syrie alors que tout le monde sait que ce n’est qu’une mise en scène d’autant plus que ce qu’on appelle « ligue arabe » est désormais dirigée par l’Arabie Saoudite et le Qatar, deux pays qui usent et abusent de corruption pour acheter une grande partie des dirigeants arabes. C’est du moins ce qui semble être l’ordre du jour de cette rencontre paradoxale décidée, semble t-il, à Washington, pour légitimer, en quelque sorte, les positions des pouvoirs arabes qui tenteraient ainsi pour la forme de faire de la surenchère. Tout aurait été mis en scène par l’administration Obama qui a donné son accord pour la tenue de cette réunion dont l’organisation devait être assurée par l’Arabie Saoudite qui chercherait des prébendes et des pourboires pour toute activité de pompier. Ainsi, les documents de la réunion étaient déjà fin prêts, les dirigeants arabes ne seraient là que pour parapher un document déjà élaboré par des spécialistes sur les conseils de Washington qui tient en main tous les régimes arabes trop souvent illégitimes, arrivés au pouvoir, soit par des coups d’Etat ou par héritage. D’ailleurs France 24 avait annoncé les résultats de cette rencontre avant le début des travaux officiels. Les derniers événements révèlent aux populations arabes le vrai visage des pouvoirs arabes, condamnés à perpétuellement assurer leur survie. L’Egypte, après le coup d’Etat, est prisonnière de l’argent promis par les Saoudiens. Le Soudan, aujourd’hui divisé, vogue entre lame et lamelle, se faisant trop petits. La Tunisie est travaillée par une possible guerre civile. La Libye vit au quotidien une anarchie durable. Le Maroc est l’otage d’une politique L’Irak a été installé dans une guerre sans fin. L’absence de légitimité pousse les régimes à chercher un protecteur qui les prémunirait d’un séisme interne éventuel. C’est pour cette raison qu’Israël joue sur un terrain déjà conquis. Les arabes ne font que de la figuration. Les réunions des Arabes se réduisent souvent à quelques chamailleries, des conciliabules et des documents préparés trop à l’avance à tel point qu’on s’interroge sur l’intérêt réel du déplacement de tant de ministres, de rois et de présidents qui gaspillent ainsi les deniers publics pour rien. Même le ministre algérien des A.E sait qu’il part uniquement en villégiature et que les choses sont déjà faites. Quelle est donc la raison réelle de sa présence ? Cette absurde entreprise n’est en fin de compte qu’un jeu théâtral dont l’efficacité est nulle. Tout avait été fait ailleurs avant que les dirigeants ne mettent un paraphe au bas d’une page tout en glosant, sans fin, de souveraineté et de constantes arabes. Aucun chef d’Etat arabe ne pourrait accepter de défier Israël ou les Etats Unis, sachant que toute position contraire aux instructions américaines, risqueraient de l’exposer à de sérieuses représailles. On sait que de nombreux pays arabes entretiennent des relations diplomatique et/ou économiques poussées avec Israël, souvent non déclarées. Les chefs des territoires pétroliers du Golfe ne peuvent, en aucun cas, se déterminer à prendre une position autonome, ce qui les fragiliserait et les condamnerait à un suicide certain. Ils fonctionnent comme des faire-valoir à toute décision « occidentale ». Depuis la mort de Nasser et de Boumediene, le « front du refus » a laissé la place au « front de la normalisation », poussé surtout par le manque de légitimité des pouvoirs arabes qui se sont toujours caractérisés par leur fonctionnement non démocratique et répressif. Leur pouvoir est fondé sur la répression. Certes, depuis l’apparition de télévisions arabes ou «étrangères comme Russia el Youm, très professionnelle, plus ou moins libres, des débats contradictoires ont eu lieu, mettant à nu ces dirigeants . Des rois et des princes du Golfe, souvent propriétaires de ces média étaient ménagés, mais les choses évoluent vite, avec l’émergence de chaines comme Russia el Youm, beaucoup plus libres que El Jazira ou el Arabiya, porte-voix du Qatar et de l’Arabie Saoudite, manquant tragiquement d’élan professionnel. Le Net apporte également son lot de révélations. Aujourd’hui, certains territoires arabes tentent de saupoudrer quelque peu la vitrine de leurs pouvoirs en s’ouvrant subrepticement à l’expression libre, sous la pression des transformations et des changements internationaux. Mais il reste que les pays arabes sont encore éloignés de pratiques démocratiques sérieuses, surtout les territoires du Golfe, fonctionnant comme des espaces fermés, autocratiques où toute parole différente pourrait mener à la prison ou à la mort. La répression a pignon sur rue dans tous les territoires arabes d’autant que la notion d’Etat au sens « moderne » du mot est absente dans de nombreux pays. On ne peut parler, par exemple, dans des pays comme la Jordanie, le Liban ou les territoires pétroliers du Golfe d’Etats « modernes ». Plusieurs pays du Golfe ne disposent pas d’un teste constitutionnel. Mais quand il existe, il n’est nullement pris en considération ou refait sur mesure comme lors du décès d’El Assad et de la question de la succession. C’est l’équilibre tribal et son corollaire, l’allégeance qui marquent ces territoires, traversés par de forts élans de répression. Ainsi, la situation en Syrie après le décès de Hafedh el Assad et son remplacement par son fils Bachar n’aurait dû étonner aucun analyste connaissant la scène moyen-orientale où des régimes autocratiques s’autoproclamant républicains régentent la vie publique. Ainsi, ici et là, les fils succèdent à leurs pères. Tel père, tel fils. Quelle différence y-a t-il entre la Jordanie qui, empêtré dans ses contradictions politiques et tribales, veut s’ouvrir au monde extérieur tout en faisant élire 90% d’ « indépendants » à la Chambre des députés », c’est à dire des représentants de tribus et la Syrie qui, se proclamant baathiste, mais dans la pratique concrète, s’en éloigne. Le problème de la succession dans les pays arabes, notamment ceux du Machrek, pose le problème des discours idéologiques explicitement développés dans les rencontres officielles et dans les média, mais royalement ignorés dans la pratique de tous les jours. Les pouvoirs arabes, sans assises populaires, ni discours idéologique et politique cohérent, se retrouvent aujourd’hui piégés par la nouvelle conjoncture politique internationale. La contestation commence à gagner tous les pays arabes, y compris les territoires pétroliers du Golfe qui avaient servi de point d’appui aux attaques contre l’Irak, la Libye et la Syrie. Les régimes, compromis dans des affaires juteuses, ne pouvaient qu’accepter toutes les demandes des Américains qui protègeraient ces pouvoirs sans légitimité contre leurs propres peuples. Ce n’est donc pas sans raison et sous l’influence des conseillers de Mitterrand que Chadli voulait envoyer des soldats algériens taper sur l’Irak. Ce qui n’aurait pas été du goût de certains officiers supérieurs qui l’auraient convaincu à oublier cette funeste idée. Mais les populations arabes oublieront-elles vite ces épisodes noirs dans l’Histoire arabe ? L’absurde côtoie le tragique. Le déficit en légitimité incite de nombreux dirigeants à recourir à la répression. Les intellectuels sont souvent condamnés au silence ou exilés, les média sont exclusivement contrôlés par les gouvernements, la pratique politique est exclue, les élections sont truquées, la torture est érigée comme règle de conduite. Ce verrouillage des libertés publiques et individuelles obéit à une logique mettant entre parenthèse toute possibilité de contestation ou de contre-pouvoir. Toute critique devient suspecte. La citoyenneté est un vœu pieux et un non-sens. Ce sont souvent des liens familiaux et tribaux qui régissent les relations dans les pays arabes excluant le « citoyen » du champ politique pour lui substituer des sujets. Dans les régimes monarchiques ou « républicains » arabes, nous avons affaire à des sujets devant obéissance au roi ou au président-roi qui distribue la rente considérée comme une sorte de « don » du chef assimilé au chef de famille ou de tribu. D’ailleurs, nous constatons quotidiennement dans nos pays que toute mesure sociale (logement, fournitures scolaires…) est considéré comme l’expression d’un élan de générosité du roi ou du président, pas une pratique étatique. La lecture de la presse gouvernementale ou des informations de la télévision donne à voir cette grave dérive. Les décisions politiques et sociales dépendraient de la bonne volonté du chef qui n’admet aucune contestation dans la mesure où, s’autoproclamant chef de tribu et de famille, il s’octroie tous les droits. Les libertés syndicales et politiques sont absentes dans tous les territoires arabes. En Libye, il était même noté dans le Livre Vert qu’ « adhérer à un parti est une trahison ». Dans la Lybie d’aujourd’hui, les choses ne semblent pas différentes. Mais pas seulement en Libye, dans les pays du Golfe où il n’existe pas d’Etat au sens général du terme, les atteintes aux libertés sont quotidiennes. D’ailleurs dans la plupart de ces territoires pétroliers, il n’existe pas d’ organisations syndicales, politiques ou même professionnelles. Dans les autres pays, les structures syndicales et partisanes dépendent tout simplement du pouvoir. En Syrie, par exemple, existait un « front » dominé par le Baas qui n’est qu’une structure d’allégeance au pouvoir en place. En Tunisie, quand l’UGTT était devenue puissante, le pouvoir avait tout simplement emprisonné son leader, Habib Achour et brisé l’organisation. Comme d’ailleurs, en Algérie, où le syndicat UGTA se confondant avec une sorte de structure partisane, prête régulièrement allégeance au chef. Les média sont souvent les porte-voix des dirigeants qui refusent toute ouverture. Ces attaques venaient le plus souvent des couches moyennes, certes, traversées par de multiples contradictions, mais réussissent tout de même à gêner les pouvoirs en place qui leur rendent la pareille en les laminant, brisant tout contre-pouvoir et mettant en scène un jeu propice à la confrontation sauvage, anarchique souvent non organisée. Aussi, assiste t-on depuis les années 80 à des attaques en règle des structures dirigeantes contre la classe moyenne suspectée de manque de loyauté et d’obéissance. Mais paradoxalement, les couches moyennes se méfient des larges masses et des couches populaires. Ainsi, les dirigeants se trouvent bien installés en recourant régulièrement aux forces policières et militaires pour réprimer la société et à des appareils idéologiques comme les média, certains lettrés souvent intéressés et la tribu pour freiner toute velléité de contestation. Mais ces dernières années, les choses commencent à bouger, même les rois et les princes se mettent à faire leurs calculs au cas où les choses deviendraient non gérables. C’est l’une des raisons qui poussent les dirigeants arabes à soutenir toute initiative américaine. Il faut ajouter également la corruption qui marque profondément le territoire des dirigeants qui savent qu’il existe un fossé extrêmement profond entre le pouvoir et la société. Ils fonctionnent comme deux mondes différents, opposés, parallèles. Les « décisions » du Caire de cette semaine dont on connaît déjà les résultats (les documents « définitifs » avaient été élaborés dans d’autres officines étrangères) sont intégralement en porte-à faux par rapport aux revendications des populations arabes. Les pouvoirs arabes, aujourd’hui sérieusement discutés, voyant la contestation monter, essaient de préserver les formes, mais ils savent que toute entreprise démocratique les condamnerait au suicide. A quoi sert la « ligue arabe » d’autant plus que les décisions se prennent en coulisses, dans des capitales étrangères ? Que perdrait l’Algérie si elle suspendait sa participation à cette défunte ligue, un jouet aux mains des pays du Golfe ?
Posted on: Mon, 02 Sep 2013 22:45:50 +0000

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